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Summary

Parcoursup, the French post-baccalaureate admission platform, concluded its first cycle with a significant reduction in the number of students without university placements compared to its predecessor, APB, but faced criticism for its prolonged admission process and the stress it caused to students awaiting university offers.

Abstract

The transition from APB to Parcoursup marked a notable shift in the French higher education admission process, aiming to address the shortcomings of the previous system. Despite a smoother process for top-performing students, Parcoursup extended the period of uncertainty for many, with the admission phase stretching into September. This prolonged timeline, coupled with the non-hierarchical approach to applicant choices, contributed to a stressful experience for students and their families. The platform also faced challenges in matching student preferences with available places, leading to a new set of issues such as delayed responses and difficulties in securing student housing. Nevertheless, Parcoursup succeeded in reducing the number of students without university placements, partly due to the creation of additional spots and the implementation of measures like the "BTS passerelle" for students not immediately admitted to their preferred programs.

Opinions

  • The author acknowledges Parcoursup's success in decreasing the number of students without university placements compared to APB.
  • There is a critical view of the extended admission process, which caused significant stress for students and complications for universities in terms of planning and logistics.
  • The non-hierarchical system of applicant choices on Parcoursup is seen as a flaw, leading to inefficiencies and prolonging the admission period.
  • The platform's impact on student orientation and the need for better guidance and information about the diverse range of academic programs are highlighted.
  • There is skepticism about the effectiveness of the measures taken to accommodate students who did not receive their preferred program admissions, such as the BTS passerelle classes.
  • Concerns are raised about the fairness and transparency of the admission algorithms and the role of teachers in evaluating students' applications.
  • The author suggests improvements to the system, including better synchronization with student housing services and the reintroduction of hierarchical preferences for applicants.
  • The overall sentiment is that while Parcoursup has made progress, there is considerable room for improvement to ensure a more equitable and efficient admission process for future students.

« Génération Test » #36 : L’heure du bilan

C’est fini. Terminé. Depuis le samedi 22 septembre, Parcoursup n’est plus. Et ce, même si 955 personnes sont toujours sans réponses, sans admission dans l’enseignement supérieur, sans proposition d’éducation, à l’heure actuelle. La plateforme a fermé ses portes… jusqu’en janvier prochain, où viendra s’inscrire la deuxième vague de l’histoire de Parcoursup, la génération 2001.

SOMMAIRE

Que retenir de ce premier cru ?

La principale donnée, celle dont tous les médias ont fait écho à la fin septembre, c’est celle-là :

955 ​

C’est le nombre de bacheliers sans-fac au 25 septembre, quelques jours après la dernière vague d’admissions via la procédure complémentaire. Évidemment, on peut se poser des questions sur la véracité de ce nombre, tant le Ministère a aimé jouer avec les chiffres cet été pour voir sa vision de la réalité. Alors qu’il s’était engagé à publier un « tableau de bord » quotidien, montrant l’évolution de la situation sur Parcoursup (et qui était jusqu’alors assez précis), le Ministère a en effet modifié sa classification dès le 23 juillet pour regrouper des catégories entre elles, et éviter ainsi des imbroglios et faux chiffres donnés par la presse, qui un coup additionnait les démissionnaires, un coup ne comptait pas les gens ayant demandé la commission d’aide rectorale… A alors été décidé d’inclure entre eux tous les « démissionnaires » (volontaires ou non), tous les gens ayant eu une réponse… et, assez étrangement, de séparer ceux sans réponse qui ont contacté la CAES ou la phase complémentaire pour “autre chose”, et ceux qui s’obstinent sur leurs vœux, considérés alors comme « inactifs ». Ce taux d’« inactifs », assez décrié, a en effet considérablement diminué durant l’été, non pas par des démissions pour aller dans le privé (quoique…), mais par « activité », tout simplement, lorsqu’après des semaines d’attente, certains se sont rendus compte que tout était foutu. Après la fin de la phase principale, ces tableaux de bord ne sont plus publiés, et on ne doit se fier qu’aux dires de la ministre, qui évoque 3 000 bacheliers, omettant ainsi les 4 000 étudiants en réorientation. Difficile alors de comparer APB et Parcoursup. L’an dernier, avec Admission Post-Bac, 3 729 bacheliers étaient restés sans formation à la fin de la procédure. Là aussi, le chiffre des étudiants en réorientation n’avait pas été donné. 955 vs 3 729 : Parcoursup gagne donc sur ce coup, ce qui ne semblait pas gagné d’avance. Mais que penser des réorientés ? L’an dernier, réorientés et néo-bacheliers étaient dans deux tirages au sort séparés. Cette année, tous étaient dans la même file, ce qui a pu encourager des rétrogradations en raison du statut de réorienté — qui était indiqué dans l’outil d’aide à la sélection proposé aux formations sur Parcoursup.

On peut néanmoins tenter une comparaison avec APB à la mi-juillet, en fin de procédure principale d’Admission Post-Bac. À la mi-juillet, à quelques jours de la fin de la phase principale (qui se terminait le 19), je me souviens de ces reportages à la radio, sur la route des vacances qui m’emmenait à la plage, qui racontaient que près de 100 000 personnes étaient sans formation pour l’an prochain, à six semaines de la rentrée. 87 000 ! Avec Parcoursup, ils étaient 95 645, en comptant ceux qui n’avaient eu que des réponses négatives, qui avaient contacté la CAES, ou qui attendaient encore. Certes, on pourra toujours dire que ces chiffres ne sont pas comparables à cause de la “lenteur” de la procédure Parcoursup, qui est plus répartie dans le temps en raison des temps de réponses et du flot continu d’affectations. Mais que dire de la même comparaison à la fin août ? Le 22 août 2017, 6 010 néo-bacheliers et étudiants en réorientation (4 380 et 1 570 respectivement). Au 23 août 2018, ils étaient plus de 15 000 : près de 9 000 bacheliers, et 6 000 réorientés… Le baby boom de l’an 2000 n’y est pas pour rien : il y a cette année autour de 30 000 futurs étudiants en plus, et le chiffre ne va cesser de croître ces prochaines années.

« Selon le scénario tendanciel A, l’accroissement serait de 28 300 étudiants supplémentaires dans les 4 principales filières — université, IUT, CPGE et STS […] Les effectifs en licence devraient augmenter de 25 200 étudiants (+ 3,0%), ceux en master de 10 100 étudiants (+1,7%) tandis que ceux en doctorat diminueraient d’environ 1 000 (- 2,2%). La hausse serait de 48 200 au total sur les 4 principales filières et de 65 000 sur l’ensemble de l’enseignement supérieur. » — Note d’information ministérielle “Projections des effectifs dans l’enseignement supérieur pour les rentrées de 2017 à 2026”, avril 2018

Pour tenter de contenir un éventuel bouchon, et une augmentation du nombre de sans-fac en raison d’un hypothétique manque de places, le Ministère a mis les bouchées doubles et avait prévu cette année de créer 22 000 places dans les formations sélectives, mais surtout non-sélectives. Cependant, si vous réfléchissez un peu, vous remarquerez que 22 000 places créées pour 28 300 nouveaux étudiants, sachant qu’il y avait plus de 3 000 sans fac l’an dernier… ce n’est pas assez. C’est en partie pour cela qu’en “dernière minute” en quelque sorte, début juillet, a été annoncée la création quasi-immédiate de 10 000 places supplémentaires, essentiellement en IUT (offrant des DUT, pour les bacs technologiques) apparemment. Ou que le Ministère a imposé un surbooking (dépassement fictive du nombre d’étudiants par rapport au nombre de places physiques) de 10 % aux facs franciliennes.

Pourtant, il existe déjà de nombreuses places. 130 000 pour être précis. Pourquoi diable parle-t-on alors de manque de places ? Car les postes qu’il reste à pourvoir ne sont pas dans les désirs des futurs étudiants. De la même manière que la France a entre cinq et six millions de chômeurs mais où des secteurs comme la restauration recrutent avec difficultés, nous avons une centaine de milliers de places en université… alors que — Parcoursup nous l’a confirmé — les jeunes ont de plus en plus d’appétit pour les filières sélectives, ou de dégoût pour la fac : 68 % de vœux sélectifs cette année. L’augmentation est certes due à la fin de l’obligation archaïque d’avoir un vœu de licence obligatoire sur APB (la fameuse « pastille verte »), mais montre tout de même que beaucoup préfèrent tout miser sur une filière de leur choix, plutôt que se contraindre à aller dans une licence parfois lourde pour rien. Que faire alors ? Alors que l’on recommande à un horticulteur de candidater pour devenir plongeur, tout en rêvant de supprimer les aides sociales à celui qui refuse deux offres d’emploi, même si elles ne lui correspondent pas, doit-on aussi forcer les étudiants à aller dans ces filières ? APB et Parcoursup ne résoudront pas le problème principal de l’orientation dans l’enseignement supérieur : de nombreux jeunes ont des vocations mais il n’y a pas assez de places pour les accueillir. De plus, on préfère (assez logiquement) former des jeunes qui ont plus de “chances” de réussir dans la formation, que de former “pour rien” des jeunes qui ne réussiront probablement pas. Sur ce point, il est beaucoup trop tôt pour faire le bilan de Parcoursup. La plateforme s’inscrivait dans le cadre de la loi ORE, Orientation et réussite des étudiants, qui avait pour objectif non-caché de réduire les 70 % d’échec à l’université avancés par le Gouvernement. Les résultats de la politique actuelle de sélection même à l’université se verront donc dans une dizaine de mois, lorsque les chiffres des personnes obtenant leur première année seront publiés.

Toujours est-il que l’explosion du nombre de vœux en filière sélective a nécessité la gestion d’un plus grand flux d’éventuels “désorientés”, des personnes qui n’ont choisi que des filières sélectives, et y ont été refoulés, par refus ou par attente. Ces “sans-fac” sont souvent des bacheliers technologiques ou professionnels, et il serait contre-productif dans la logique de la loi ORE de les rediriger vers des licences, supposées générales, et donc pour les bacs généraux, et impliquant un certain nombre de prérequis, nouveauté de Parcoursup et décrits depuis janvier sur le site. C’est dans ce cadre qu’ont été créés cette année des « BTS passerelle », une année propédeutique destinés exclusivement aux élèves qui « n’ont eu aucune proposition d’admission en STS, bien qu’ayant reçu en terminale un avis favorable du conseil de classe […] ou du chef d’établissement ». Cette nouvelle formation, créée ex nihilo durant l’été, sert pour ainsi dire de bouche-trou pour les élèves n’ayant pas reçu de réponse sur Parcoursup, mais qui doivent bien, ayant eu le baccalauréat, entrer dans l’enseignement supérieur. C’est du moins comme ça qu’elle est présentée : une classe de « remise à niveau »… alors que la suite logique du bac professionnel est — on ne cesse de le dire — le BTS, ou du moins depuis que le « bac pro » a été dévalué sur le marché du travail. Celui qui était mon proviseur adjoint l’an dernier l’affirmait : les BTS doivent être dédiés aux bac pro, les bacs pro doivent se résoudre aux BTS. Cet absolutisme était également présent sur Parcoursup, à travers l’instauration non annoncée d’un quota minimal de bacs professionnels dans ces filières… ce qui n’a empêché une explosion de + 30 % des vœux en BTS dans toutes les filières. Mais quand il n’y a plus assez de places pour contenir ces centaines de milliers de bacheliers (30 % des admis au bac!), et alors que seuls 57 % des bacheliers professionnels ont eu une proposition en BTS, il faut bien combler pour éviter des chiffres qui feraient peur à plus d’un. D’où l’idée de ces classes passerelle. Comble du comble : ces nouvelles filières ne donnent pas de crédit d’étude, pas de diplôme… et ne garantissent même pas l’accès à un BTS. Créées durant l’été, elles se contentent de (re)voir une partie du programme, ou encore d’entraîner les recalés à faire des lettres de motivation, ou à trouver une voie à travers des stages

Néanmoins, à première vue, le changement d’Admission Post-Bac en Parcoursup semble donc être bénéfique : le nombre de « sans-fac » a été considérablement diminué, de plus de 3 000 à moins de 1 000, alors qu’une vingtaine de milliers de nouveaux étudiants sont « entrés sur le marché ». C’était un défi majeur, qui va encore s’accentuer ces prochaines années (cf. graphique plus haut), et la ténacité du Ministère a fini par payer, la Ministre pouvant ainsi vanter le plein fonctionnement de Parcoursup.

Parcoursup était fini dès juillet

Cependant, ce dernier est loin d’être rose. La première critique — des médias notamment — sur le remplaçant d’APB est la longueur de la procédure : Parcoursup a été le feuilleton de l’été, pour des dizaines de journalistes, et pour une centaine de milliers d’étudiants. Là où la phase principale d’Admission Post-Bac se terminait l’an dernier le 19 juillet, celle de Parcoursup a duré jusqu’au… 5 septembre, soit deux jours après la rentrée de nombreuses formations s’alignant sur le calendrier scolaire. Idem pour la date de première réponse : les réponses n’étaient pas données avant le 8 juin sur APB… contre le 22 mai pour Parcoursup. La procédure aura donc duré trois mois et demi cette année, contre une quarantaine de jours en 2017.

L’absence de hiérarchisation des vœux sur Parcoursup a créé un effet “bouchon” sur les formations lors des premières semaines : les élèves avec les meilleures notes ont accaparé toutes les places durant la première semaine, et avaient sept jours pour répondre, avant de donner le choix aux élèves suivant dans la file d’attente, qui eux aussi avaient sept jours pour répondre… ce qui a forcément créé des bouchons. Le simple fait de devoir choisir entre deux affectations lorsqu’on a plusieurs propositions n’a pas suffi à désengorger rapidement la file d’attente, et c’est ainsi qu’à l’heure du bac, plus de 20 % des étudiants étaient encore sans aucune réponse. Certes, c’est mieux que ce qui était espéré, comme le signalait avec fierté M. Blanquer en juin : il était en effet prévu en interne que « les deux tiers des candidats auront reçu au moins une proposition avant les épreuves du baccalauréat », laissant supposément un tiers pour compte.

Mais le temps est passé et les listes d’attente ont fini par peu à peu se bloquer. En effet, l’effet pervers de cette non-hiérarchisation des vœux est qu’à terme, les vœux en attente peuvent se croiser, et les étudiants espèrent des places mutuellement, tout en conservant celle de l’autre… C’est ce qu’a expliqué une des conceptrices de l’algorithme de Parcoursup sur Twitter en juillet :

Ce problème peut être dû in fine à plusieurs paramètres de Parcoursup / APB : l’absence d’ordre dans les vœux, mais aussi la conservation de vœux en attente (le « Oui mais » sur APB, la conservation de tous les vœux sur Parcoursup). Mais là où APB n’avait que trois phases (théoriquement les trois meilleures propositions que l’algorithme décrit ici pouvait lui offrir)¹, Parcoursup en a jusqu’à 10, les élèves ayant fait cette année en moyenne 7,7 vœux… Il y a alors plus de probabilité de conflit mutuel / dilemme, tel que décrit plus haut.

Au final, tout est une question de “fonction”, ou plutôt de graphique : on s’attendait à une évolution du nombre de candidats ayant une réponse assez lente mais régulière, et on a plutôt eu une fonction qui augmente rapidement puis lentement jusqu’à se figer, début juillet.

Le changement pour Parcoursup ayant été décidé durant l’été pour l’année suivante, il n’a pas pu être fait d’« étude d’impact » ou d’analyse à long terme, sur le comportement des bacheliers sur un système tel que Parcoursup. Le Ministère a donc dû supputer une évolution… et tant bien que mal gérer ce blocage, alors que des dizaines de milliers d’étudiants étaient sans réponse.

A posteriori, ce comportement semble tout à fait normal, et avait même été prévu dès la présentation du Plan Étudiants en octobre dernier par des ingénieurs, des chercheurs, même des députés, qui avaient tiré la sonnette d’alarme. Et il n’y a pas grand chose à faire pour l’éviter. En effet, chaque semaine, le nombre de candidats qui acceptent une proposition augmente (cf. graphique ci-dessus). Les formations se remplissent, mais au fur et à mesure des semaines, les étudiants qui espéraient mieux finissent par ne plus avoir de nouvelles propositions… car les places sont déjà prises. Pour comprendre cela, il faut revenir au fondement technique du problème de Parcoursup : mathématiquement, Admission Post-Bac et Parcoursup cherchent à assigner les couples qui matchent le plus — ce qui est nommé le problème des mariages stables. Ce problème a été résolu par deux mathématiciens américains qui ont donné leur nom à l’algorithme de résolution : l’algorithme de Gale-Shapley. APB utilisait précisément cet algorithme, grâce notamment à la liste ordonnée des vœux. Grosso modo, l’algorithme épluche la liste des vœux d’un étudiant, et cherche à le caser dans sa formation de vœu n°1, ce qui ne se fera que si la formation n’avait pas de son côté un étudiant qu’elle préfère. Sinon, il va chercher pour le vœu n°2, n°3, etc. jusqu’à que la liste des vœux soit finie ou que l’étudiant ait une formation. Pour un algorithme de Gale-Shapley parfait, il faudrait que l’étudiant ait classé toutes les formations, et qu’il n’en refuse pas, ce qui n’arrivera évidemment pas, d’où le fait de se retrouver “à la fin” avec des étudiants sans formations et des formations sans étudiants, comme mentionné plus haut. C’est là que les multiples phases d’APB prenaient leur sens, car leur utilité n’était autre que de reproposer des places qui s’étaient mystérieusement libérées — le plus souvent, par démission de l’étudiant : les étudiants sans formation refaisaient l’algorithme une nouvelle fois, dans l’espoir que des couples étudiant–formation se soient rompus.

Avec Parcoursup, l’algorithme ne change pas fondamentalement, il est juste beaucoup plus lent : n’ayant pas de liste de préférence de l’étudiant, l’algorithme attribue les places à tous les premiers de liste des facultés et autres établissements, et doit attendre que ceux-ci répondent (en acceptant ou refusant l’offre) pour pouvoir donner les places qui suivent. L’“ordre” de préférence” qu’il y avait sur APB n’est pas explicite, il se fait au fil du temps, selon les réponses de l’étudiant. Là aussi, le mariage n’est d’abord pas “stable” (c’est-à-dire que l’étudiant peut voir ailleurs s’il veut, changer d’orientation après en avoir accepté une) mais va converger vers une stabilisation, notre fameux blocage, quand tous les étudiants ont le meilleur vœu qu’ils peuvent avoir en l’état actuel des choses : impossible pour les candidats d’avoir une autre formation, car celles-ci sont déjà pleines d’étudiants… qui auraient potentiellement espéré mieux. Pour APB comme pour Parcoursup, c’est ici qu’est la fin de l’algorithme. Les mariages sont “stables”, le problème est résolu : les étudiants ont la meilleure proposition qu’ils pouvaient avoir, les formations les meilleurs élèves qui ne sont pas partis autre part.

C’est ainsi qu’à la mi-juillet, on pouvait considérer la phase principale comme “terminée” : les étudiants ont une proposition, qui ne peut plus évoluer, et ils devraient donc s’inscrire. Enfin, presque… car la phase principale a continué de tourner durant l’été (Parcoursup étant programmé pour finir début septembre), et a trouvé des places pour des dizaines de milliers d’étudiants. La raison ? Les désinscriptions.

En effet, une fois l’algorithme “fini”, et tout comme dans APB, les désinscriptions sont la seule raison qui poussent des gens en dehors du système et permettent aux autres de remonter, d’avoir de nouvelles propositions, et de ne plus être sans-fac. On estime à 15 % le nombre de formations qui ne sont pas présentes sur Parcoursup (passant par un concours privé)… C’est ainsi qu’A. a eu son admission à la mi-juillet, et elle était déjà réaliste sur sa situation à ce moment :

Et quid des élèves qui n’ont rien ? Un algorithme de Gale-Shapley consiste en une liste de vœux de toutes les formations par les élèves, de tous les élèves par les formations. Or, les élèves ne vont pas classer (ou, sur Parcoursup, ne pas classer) les 13 000 formations du premier cycle de l’enseignement supérieur… En pratique, chaque candidat pouvait sur APB formuler 36 vœux (24 l’an dernier). Et sur Parcoursup, jusqu’à 10, un nombre réduit afin que, officiellement, ces vœux ne soient pas des vœux de secours comme il y en avait l’an dernier sur Admission Post-Bac (les fameuses “pastilles vertes”). Or, si les 10 vœux ne donnent pas de résultats, l’algorithme ne peut pas aller chercher une onzième formation. Et c’est là que les bacheliers et réorientés deviennent des « sans-fac », des personnes qui n’ont pas de formation, au 22 mai pour ceux qui n’ont eu que des “Non” (plus de 26 000, car la plateforme n’oblige plus à avoir un vœu de licence) ou durant l’été, le 5 septembre étant la deadline technique.

Cette situation ne relève pas d’un bug technique, juste de l’interprétation des choix politiques qui ont été faits. Pour ces étudiants qui n’ont pas de résultat par la phase principale, il n’y a pas d’autre choix que d’aller voir ailleurs, dans le privé, par la phase complémentaire, ou par la commission rectorale d’accès à l’enseignement supérieur nouvellement créée. Ceux qui ne le font pas sont sinon considérés comme « inactifs », une création made in MESRI qui est surtout communication, même si on ne connaît pas l’équivalent sur APB. Telle est la finalité des étudiants qui se retrouvent sans rien au bout de leurs dix vœux : prendre les places qu’il reste, où il n’y a plus d’attente, même si les autres établissements ne font pas le plein. Cette situation est regrettable, et est due principalement au manque d’adéquation entre l’offre et la demande. Une solution serait de créer plus de places… ou d’avoir moins d’étudiants.

Parmi ces étudiants, distinction est faite entre ceux qui se démerdent et ceux qui réclament. Les personnes qui contactent la CAES (après moult démarches) ou sont contactées par la CAES, peuvent par exemple prétendre à une nouvelle aide à la mobilité, entre 200 € et 1 000 €ce que ne peuvent avoir ceux qui choisissent leur formation via la même phase complémentaire. Mais cette CAES n’a souvent pas de solution miracle à apporter, et se retrouve parfois à proposer aux étudiants… de se réorienter, faute de filière qui s’approche. Ainsi, un élève de ma classe s’est retrouvé en musicologie après avoir été mis en attente ou refusé sur tous ses vœux de BTS audiovisuel option son. Et heureusement qu’il était en bac S… car pour les bacheliers technologiques ou professionnels, la tâche de “reconversion” est encore plus ardue, ne devant — théoriquement — pas aller à la fac. Fort heureusement, avec « seulement » 955 élèves sans formation, les CAES est tout de même réussi à éviter le pire… même si cela fait évidemment chier le millier d’oubliés.

Au final, le problème de la lenteur de Parcoursup cet été n’en est pas un : il faut plutôt considérer, comme sur APB, que Parcoursup se finit tôt, et que les personnes qui n’ont pas de formation passé les résultats du bac, ou “le gel”, doivent s’inscrire en phase complémentaire, ou se démerder. De plus, et quelque part… surtout, il faudrait empêcher cette “fuite” des hors-Parcoursup qui a créé cet imbroglio, laissant entrevoir une remontée des places qui aurait pu arriver bien plus tôt. Ce sera normalement le cas en 2020, où toutes les formations privées qui fournissent un diplôme reconnu par l’État devront passer par Parcoursup. Là, il n’y aura peu ou prou de désinscriptions, l’algorithme de Gale-Shapley pourra fonctionner pleinement, et on pourra peut-être enfin tout dire aux étudiants, sans user de ruses et subterfuges pour les pousser à partir, à ne pas attendre plus longtemps, et à aller voir la phase complémentaire.

Une rentrée à difficultés

Ainsi, la phase principale de Parcoursup était plus ou moins finie en juillet… mais a pourtant duré jusqu’au mercredi 05 septembre 2018, soit deux jours après la rentrée des élèves du primaire et du secondaire, et généralement celle universitaire. Par mesure de sécurité, car on ne connaissait pas le comportement à long terme des étudiants, et quand est-ce que cette phase serait finie, les arbitrages décidés pour cette année ont été de faire officiellement terminer la phase principale le plus tard possible, pour éviter cet effet “Non”, de voir des vœux d’universités notamment refusés (ce qui a tout de même créé l’émoi dans les médias en avril dernier). La conséquence de tout cela : les établissements d’enseignement supérieur n’étaient pas pleins, jusqu’au dernier moment, ou du moins pas sûrs de leurs effectifs. Avant que les étudiants n’aient rejeté leurs autres vœux sur la plateforme, impossible théoriquement de les inscrire dans leur établissement, car susceptible de partir à tout moment… enfin, théoriquement, car cela n’a pas posé de souci à certaines formations, qui n’ont pas cherché à vérifier que le vœu était définitif… sachant que ces mêmes élèves pouvaient de toute façon partir, via la phase complémentaire, ouverte même à ceux qui ont une place.

On a ainsi durant l’été pu voir des Tweets de chefs de formation, ou des articles sur des prépas, qui se plaignaient qu’à quelques jours de la rentrée, leurs formations ne faisaient pas le plein. Avec une statistique : mi-juillet, seule la moitié des prépas avaient des effectifs complets.

La principale raison, toujours la même : les gens qui gardent des vœux en attente d’être potentiellement pris autre part, pour “fuir”. Cela pose plusieurs problèmes.

Primo, si les étudiants partent, la place ne sera probablement pas redonnée. En effet, soit cela se fait trop tard pour qu’un autre étudiant puisse arriver (question de logement, de file d’attente tout simplement…), soit, pour les filières sélectives… la liste de candidats à appeler est vide. En effet, c’est un effet pervers du changement de plateforme : les formations n’avaient pas de repère pour faire leurs listes. En effet, les établissements sélectifs peuvent dire d’emblée Non à des élèves en dessous d’un certain niveau dans le classement, pour éviter que ceux-ci attendent… ou tout simplement car ils n’ont pas le niveau requis. Ce sont ces refus qui tombent en premier pour la plupart des élèves sur Parcoursup, le 22 mai. Or, avec la non-hiérarchisation des vœux, les élèves ont pu inscrire des vœux en filière sélective en vœu de secours sans que ceux-ci ne soient supprimés par le choix d’un autre vœu. La plupart des étudiants n’ont pas d’abord fait de classement dans leur tête, et surtout n’ont pas supprimé des vœux au fil de l’eau, attendant que leur vœu fétiche soit tombé (ou non) pour annuler d’autres vœux. Avec la conséquence d’être haut gradé en file d’attente… alors que l’on ne veut pas aller dans cette formation. À cela s’ajoute la mécanique des vœux multiples, un système qui permet de faire un vœu pour un type de licence/prépa/BTS, et d’inscrire l’étudiant dans jusqu’à 10 établissements, en un seul vœu, sans qu’il soit intéressé par un établissement spécifique. Problème : des établissements ont fixé la barre haute, “comme l’an dernier”… et se retrouvent à avoir vidé leur liste, en ayant une classe incomplète. Ce cas semble être un problème “de niche”, que seuls les grands établissements peuvent avoir : voulant tout de même garder le niveau haut, ils ne recrutent pas via la phase complémentaire… et se retrouvent avec des classes pleines aux deux tiers. Toutefois, certains établissements moyens se retrouvent aussi dans ce cas, et ont eux des problèmes de recrutements, en raison du bassin de personnes intéressées… Bilan des courses : des classes en sous-effectif, ce qui n’est pas sans menacer certaines prépas de fermeture pour manque d’effectif. Un comble…

Secundo [oui, j’avais commencé une liste, NDLR], le manque d’informations sur les effectifs réels durant l’été a des répercussions sur la vie administrative des établissements. Là où APB finissait à la mi-juillet, et où les inscriptions administratives pouvaient toutes se faire à la fin de ce mois, Parcoursup dure jusqu’au 5 septembre… date de nombreuses rentrées. Alors, pour éviter d’avoir un afflux d’élèves début septembre, les établissements ne se sont pas gênés à avancer les inscriptions, faire plusieurs sessions (comme dans ma fac)… et faire des pieds et des mains pour que Parcoursup se finisse plus tôt. C’est ainsi que l’on a appris fin août dans les médias que pour les établissements sélectifs, la phase principale se finirait une semaine plus tôt, sans que cela n’avait été prévu auparavant… pour éviter de reporter la rentrée, avec succès.

Nombreux ont été les articles de presse mentionnant des risques de rentrée décalée, reportée, pour pouvoir assumer la gestion d’élèves. Et cette semaine de moins a permis aux formations de se fixer. En effet, sans élèves fixés, impossible, par exemple, de faire les groupes de travaux dirigés selon le niveau, de programmer les cours de remise à niveau (les fameux “Oui-si” des universités… quand ils existent)… Alors, l’an prochain, tous, même les plus joyeux, réclament une durée moins longue de la phase principale… ce qui sera logiquement le cas, au vu du comportement du non-avancement de la phase principale en août.

Cependant, les établissements de formation ne sont pas les seuls à subir le comportement des étudiants. Les étudiants eux-même subissent ce calendrier, qui fait pression sur eux… car le temps presse pour le logement. En effet, à l’heure où des réponses peuvent arriver jusqu’au 5 septembre, comment partir à la recherche d’un logement dans une ville, sachant qu’on peut être pris à l’autre bout de la France ? Quand est-ce qu’il faut se dire que c’est foutu, se résigner à abandonner son vœu pour pouvoir chercher un logement… alors que l’on aurait potentiellement pu être pris ? Ce dilemme de la gestion du temps et du logement a également été l’un des principaux soucis causés par la nouvelle plateforme. L’an dernier, la plupart des étudiants avaient leur acceptation définitive au bac, au pire à la mi-juillet… et ils ne pouvaient pas espérer mieux. Cette année, les étudiants devaient gérer leurs timings, quand il ne leur était pas imposé (pour les 25 000 étudiants qui ont eu une réponse en août, par exemple). À cela s’ajoute la problématique de la disponibilité du logement étudiant : à Bordeaux, où un tiers des logements n’est plus proposé à la location traditionnelle, la faute à AirBnB, les étudiants galéraient déjà en juillet pour trouver un logement. Alors, ceux qui n’ont été acceptés que récemment ont dû se démerder, certains squattant même chez les autres, dans l’attente de nouveaux logements dispos à la suite de départs prématurés de facs.

Le cas de Bordeaux n’est pas unique. Dans plusieurs villes, les élèves tardifs de Parcoursup galèrent à trouver un logement étudiant. Pour les boursiers, le CNOUS, l’organisme qui se charge de la vie étudiante, a annoncé que des places de secours auraient été réservés dans des logements étudiants, pour les plus démunis qui seraient SDF à quelques semaines de la rentrée. À Paris, la demande s’est fait un peu plus forte, “la faute” à ces mêmes étudiants. Avec en prime une inégalité de traitement entre les bons candidats, qui ont eu comme moi leurs réponses en mai ou juin, et les moins bons, qui ont dû attendre. C’est ce que mentionnait Vincent Iehlé, professeur d’économie à l’université de Rouen, dans le rapport parlementaire mentionné plus haut :

« J’aurais pu vous parler également de l’injustice face aux logements étudiants, les bons candidats disposant de davantage de temps pour trouver des logements, puisqu’ils auront connaissance de leur affectation plusieurs mois avant les autres. »

Avec APB, les trois phases limitaient cet effet, car l’afflux d’étudiants venait début juin, fin juin ou mi-juillet… et c’est tout. Il y avait certes une différence entre début juin et mi-juillet, mais très peu d’étudiants commencent à chercher en juin, alors que le bac approche, ce qui réduisait de facto l’écart pour pouvoir chercher son logement. Là, c’est la seule absence de la hiérarchisation des vœux qui est la cause de ce retard et de cette injustice, ce que ne nient pas les pourfendeurs de l’ordre des vœux.

Parcoursup est à inscrire dans le cadre de la loi ORE

Car au-delà de l’aspect numérique de Parcoursup, qui a “réussi” face à APB, défenseurs et opposants ont tendance à avoir oublié l’aspect « humain » de la procédure d’admission post-bac, renouvelée dans le cadre de la nouvelle Loi pour l’Orientation et la Réussite des Étudiants. Le nombre de sans-fac est certes un indicateur qui jauge la réussite de l’algorithme, mais il ne devrait pas suffire à dire que « Parcoursup est une réussite ». Orientation des étudiants, futur taux de réussite, satisfaction des étudiants… un lot de paramètres est à prendre en considération pour se forger son avis sur le système. Tous ne sont pas encore disponibles, tel le taux de réussite en L1, actuellement d’un tiers des étudiants, une statistique qui ne sera obtenable que l’an prochain. Alors, chacun tente son analyse, moi y compris, en défendant son bifteck, en regardant dans son domaine d’action. À moins de regarder midi à sa porte, on ne peut pour l’heure juger de la véritable prouesse de Parcoursup.

Pour dresser un bilan de Parcoursup et de la loi ORE, il convient de revenir brièvement sur le calendrier de cette année folle, qu’a vécu ma « génération test » :

  • Fin octobre, trois mois après avoir dénoncé les limites d’APB, la ministre de l’Enseignement Supérieur Frédérique Vidal et le Premier ministre, Édouard Philippe, présentent à la presse le Plan Étudiants, doux nom donné à la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur. Issu du rapport Filâtre, du recteur éponyme, le Plan a pour volonté de bouleverser le premier cycle universitaire, grâce notamment à des parcours personnalisés, l’apparition d’« attendus » ou la prise en compte des aspirations des étudiants. D’emblée, on annonce la diminution du nombre de vœux (de 24 à 10), et la fin de la hiérarchisation des vœux.
  • En novembre, alors que l’on ne connaît pas le nom de la future plateforme, on nous demande déjà, au retour des vacances de Toussaint, de déterminer pour le conseil de classe son orientation future, à travers une feuille où l’on doit remplir son souhait de type de formation. Chez nous, à remplir du jeudi pour la semaine suivante… sachant que beaucoup n’avaient même pas commencé à réfléchir à leur orientation, le tiers ne sachant même pas ses aspirations futures.
  • En novembre puis en janvier, avant les conseils de classe des premier et deuxième trimestre, sont également censés avoir lieu des « semaines de l’orientation », nouveauté du Plan Étudiants, à savoir des moments pour se réunir dans le lycée et découvrir des filières. Enfin, censés… car aucune n’aura lieu cette année dans mon lycée (et je ne suis pas le seul, visiblement).
  • Lors du conseil de classe du premier trimestre, on passe rapidement sur l’orientation des élèves, tout en se plaignant qu’ils n’aient pas pris la feuille au sérieux. Pas de conseils précis, mais de grandes lignes… pour calmer les ardeurs des élèves, alors que l’on apprend par la même occasion que les BTS vont être pratiquement réservés aux filières pros.
  • Alors que les universitaires se plaignent de ne pas savoir comment faire les « Oui si » du Plan Étudiants, mon proviseur se plaint du fait qu’il devrait répondre individuellement à chaque vœu de ses élèves, et annonce qu’il n’y aura pas de second prof principal dans son lycée, nouveauté du Plan Étudiants, non respectée faute de candidat. Finalement, il sera trouvé, trois mois et demi plus tard… à dix jours de la fin de la phase élèves de Parcoursup.
  • En décembre est également publié la liste des attendus nationaux, les prérequis pour entrer en licence universitaire.
  • Durant l’hiver, à l’occasion des salons de l’orientation destinés aux futurs étudiants, j’en apprends plus sur ces attendus… et une vice-présidente de Bordeaux-Montaigne affirme que les « Oui-si » ne seront pas appliqués en Aquitaine, faute de moyens, tout comme les vœux groupés. Reste que ces salons sont utiles pour de nombreux élèves, qui peuvent se forger un avenir, à l’instar du site terminales2017–2018.fr créé par l’ONISEP, l’organisme chargée de l’orientation en France… alors qu’encore beaucoup ne savent pas mettre sur Parcoursup qui ouvre quelques jours après.
  • À l’ouverture du site, et alors que le Gouvernement avait donné à tous les élèves en décembre un A3 expliquant la loi ORE pas encore votée, les consei… psychologues se retrouvent à devoir expliquer le fonctionnement de Parcoursup (comme l’année précédente) devant des parents qui cherchent à comprendre le rouage du système. Le système de vœux multiples est de loin le plus difficile à comprendre, car avec la réduction du nombre de vœux à 10… les choix peuvent vite être limités.
  • Début février, alors que je me suis inscrit sur le site… la tension commence à monter, non pas dans les lycées, où les élèves restent pantois, dociles, imperméables à la réforme, mais dans les universités, où les blocages commencent, et dureront trois mois, en vain.
  • Pendant ce temps, le lycée continue de se jouer des règles de la loi ORE. On apprend que les avis du conseil de classe se feront… sans le conseil de classe. Et la prof principale, censée aider à l’orientation des élèves qui doivent fournir leurs vœux d’ici la mi-mars, préfère penser au bac plutôt qu’au post-bac, laissant les élèves à la dérive, les contraignant à s’inscrire en licence, jusqu’au conseil de classe, accéléré, où ils sont saqués.

« C’est pas normal que vous ayez à nous juger ! » — Un élève, à propos des appréciations des élèves que les professeurs doivent inscrire sur la fiche Avenir

  • Par ailleurs, on apprend que, pour contrer la tentation de certains lycées de pistonner leurs élèves à travers la fiche Avenir™️, fiche qui communique aux établissements d’enseignement supérieur l’appréciation des élèves, les avis seront analysés et des lycées “blacklistés” de Parcoursup en cas de trop grande aide.
  • Fin mars, les élèves doivent confirmer leurs vœux… en inscrivant leurs projets de formation motivé. C’est LA nouveauté de Parcoursup : les élèves doivent motiver leurs vœux, même de licence, en 1 500 caractères. Avec les CV (comme sur APB), à faire alors qu’on est encore mineurs, ces textes sont annoncés « déterminants » par la ministre, ce qui pousse certains à recourir à des entreprises privées pour rédiger ces lettres… et alors qu’on les presse à les finir plus tôt car ces projets doivent être notés pour la fiche Aven️ir™️, ou que certains ont à passer des tests, des MOOCs, des QCM, pour juger de leurs capacités, les élèves galèrent.
  • En avril, la machine à tri est lancée. Alors que les facs sont bloquées par une poignée d’étudiants contre la sélection qui se fait matraquer, les facs doivent faire leur tri des milliers de dossiers, en six semaines. Résultat : prise en compte essentiellement des notes, du classement des élèvesmais en secret, car les algorithmes locaux ne seront pas dévoilés.
  • Alors que les premiers résultats de Parcoursup tombent d’ici quelques jours, il n’y a eu presque aucune communication supplémentaire sur la phase principale de Parcoursup. Cette «génération test » allait découvrir en temps réel les contraintes techniques de la procédure… ce qui n’est pas sans stresser quelques uns. Alors, je dois faire le service avant-vente de Parcoursup à ma classe, notamment sur la question du « Oui » définitif… ou des délais d’attente, dont on a appris que le dépassement faisait perdre tous les vœux sur Parcoursup.
  • Le 22 mai à 18h, les masques tombent. Et, comme on pouvait s’y attendre, sans que cela n’ait été communiqué, seuls les « Non » sont tombés, ou presque, conséquence de la non-hiérarchisation des vœux qui réserve les acceptations pour plus tard. Les têtes de classes ont leurs réponses dès le premier jour (ils sont 28 %)… mais chez les autres, commence une attente pour la moitié des étudiants qui n’ont pas eu de réponses en ce jour 1.
  • Puis vient l’attente, peu à peu, alors que la tête est plutôt aux révisions du baccalauréat. Lors du troisième et dernier conseil de classe, un cinquième de ma classe n’avait pas d’admission, d’après ma prof principale à cause du quota de BTS qui a considérablement fait perdre les chances d’accéder à cette formation courte. 5/35 après le bac
  • Enfin, durant les vacances, et alors que c’en est fini du lycée pour moi, Parcoursup, après s’être bloqué, a l’air de se décanter, peu à peu, par la phase complémentaire, par les ruses ci-dessus… et nous voilà.

Bilan personnel

De mon côté, en tant qu’ex-lycéen et désormais étudiant, surtout en tant que bon élément de classe, Parcoursup n’a pas changé grand chose. Je ne connaissais de toute manière pas APB, mais le résultat a été le même : j’ai fait mes vœux, ai certes dû passer par la case « formalités administratives »… Néanmoins, dès le 22 mai, je connaissais mes réponses, soit deux semaines plus tôt que l’an dernier, et dès le 29 mai, je savais où je serai cette année. Pour les « têtes de classe », Parcoursup continue de n’être qu’une formalité, ou du moins ceux-ci sont plus avantagés que les moins bons, sur plusieurs plans : les demandes de bourses, dont la première vague devait se faire jusqu’au… 31 mai, le logement étudiant, qui peut être réfléchi dès juin, le bac qui peut être révisé en toute tranquillité…

Les redoublants ont remarqué de nombreux changements, qui les ont perturbés : la fin de la hiérarchisation des vœux, la fin de la “pastille verte” (qui représentait les licences non-sélectives), et surtout le changement de point de vue du “Oui”, qui, contrairement à APB, n’est plus définitif et peut être révoqué à n’importe quel moment. Dans ma classe, C. était contente de ne plus avoir à hiérarchiser ses vœux… mais elle a attendu la fin du bac pour avoir une réponse. Plus de « phase de vœu » comme sur APB, mais un processus linéaire : il faut donc vérifier chaque jour son admission, au risque de perdre potentiellement tous ses vœux, ce qui en a stressé plus d’un…

Comme l’an dernier, de nombreux élèves n’ont pas eu la formation qu’ils voulaient. Certes, cette année, il est impossible d’en juger le nombre (ils étaient 57,1 % l’an dernier à avoir leur vœu n°1). Dans ma classe, cela s’est matérialisé par l’attente pour la moitié des étudiants, qui a débouché sur un choix de dernière minute ou de secours pour un cinquième d’entre eux, à l’instar de cette même C., qui voulait aller en STAPS avec son titre de bon niveau académique, mais s’est rabattue sur la licence SVT du département — j’en parlerai dans l’épisode final de cette série.

Pour les professeurs, la loi ORE n’a pas donné plus de travail qu’APB… sauf pour les profs principaux. La philosophie même de la réforme était de donner plus de pouvoirs, d’orientation, aux professeurs principaux, qui ont été doublés par la même occasion, en dépit des conseillers d’orientation, dont c’est le métier… mais qui ont été presque oubliés dans cette réforme. Ainsi, charge aux professeurs principaux et aux lycées de définir des semaines de l’orientation, d’utiliser les heures d’AP pour de l’orientation (comme on le demande actuellement aux élèves de seconde dans le cadre de la réforme du bac…), mais aussi de préparer les fiches Avenir, de juger chaque vœu, chaque lettre de motivation, de connaître la vie extrascolaire de chaque élève, pour remplir des dossiers numériques qui seront alors convertis en notes. Le prof principal joue alors un rôle essentiel et non négligeable dans l’admission ou non de ses élèves, de part ses notes de 1 à 4 à donner pour chacun de ses élèves. Est-ce bien raisonnable ? Le professeur principal a pour but d’orienter, pas de saquer ses élèves. Quand ceux-ci, avec toute la bonne volonté du monde, se retrouvent avec un avis défavorable dans leur dossier, ils peuvent être découragés, recalés de toutes les formations sélectives. Dans ma classe de Terminale S, les élèves peuvent logiquement suivre une licence générale, mais que penser du cas des bacheliers technologiques et professionnels, qui n’ont pas vocation à aller dans cette licence ? C’est justement pour réduire cet échec que la loi ORE était née. Les quotas de bacs pros et autres classes bouche-trou ne résoudront pas ce problème si les élèves doivent être triés par leurs interlocuteurs principaux…

Outre ce souci de la responsabilité qui incombe aux professeurs principaux, il faut aussi revoir de manière plus globale l’orientation des élèves, et l’accès à l’information. Il existe des dizaines de milliers de formations en France, chacune ayant ses spécificités. Mais mis à part les salons de l’orientation, qu’est-il fait dans les lycées pour aider les élèves à trouver la formation qui leur plaira ? Je ne peux faire d’un exemple une généralité, mais le cas de mon lycée me paraît typique du manque de considération du post-bac dans les lycées : une feuille faite par l’État et distribuée en novembre, la visite du salon de l’orientation du département en janvier… et pour le reste, démerdez-vous. Il existe une très nombreuse documentation sur les métiers, notamment à travers les sites de l’ONISEP, dont terminales2017–2018.fr qui était une bonne source d’informations… mais les élèves se perdent à travers cette jungle d’informations qui n’est pas très claire, ces mentions aux noms barbares, ces formations qui dispensent des cours passerelle… Actuellement, l’acte d’orientation n’est qu’un acte quasi-volontaire de la part des élèves, sans aide externe, de la part des lycées, des CIO. Faire des « semaines de l’orientation » parait une bonne chose, doubler le nombre de professeurs principaux et leur affréter des tâches d’orientation aussi, encore faut-il que cela soit appliqué… De plus, notre système ne se charge pas de repérer les décrocheurs, de guider les élèves vers des formations courtes, loin des licences qui engagent pour cinq ans d’études. La demande est forte, même en S, et vient d’un ras-le-bol général des études longues et théoriques, comme actuellement enseignées dans les filières générales du lycée. Près de la moitié de ma classe voulait ainsi partir en BTS. En S. Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait un bouchon quelque part, dû à un sursaut pour les filières sélectives (+25 % de vœux en IUT!), ou un désaveu pour les licences.

Pour autant, il ne faut pas mentir aux lycéens. Cette année, derrière des grands gestes de communication politique ont été cachés les quotas de bacheliers technologiques et professionnels respectivement en IUT et BTS, les quotas minimum de boursiers ou de résidents, qui n’ont été dévoilés qu’en mai et qui auraient pu éviter des vœux inutiles (dans ma formation post-bac, 99 % des élèves devaient théoriquement venir de l’académie bordelaise…), mais aussi et surtout les algorithmes de sélection locaux, qui devraient pourtant légalement être publiés. Chaque université est libre de faire sa tambouille après avoir précisé vaguement les « prérequis » nécessaires à l’entrée dans sa licence, et il en va de même pour les établissements sélectifs, qui ont pu à loisirs, à titre d’exemple, pénaliser les redoublants (mentionnés dans l’outil d’aide à la décision, affiché sur Parcoursup)… Le pire est que dans cette volonté de non-sélection est apparue l’essence même de la sélection auprès des lycéens : en attendant une semaine, un mois, quelque fois l’été, ceux-ci ont pu se rendre compte qu’ils étaient probablement persona non grata, comme C. et son vœu de STAPS. Il faut arrêter de cacher cette vérité, car elle est là : ou l’enseignement supérieur en France est sélectif, ou il faut créer des filières courtes professionnalisantes et non-sélectives pour tous les types. C’est ce à quoi réfléchit, fort heureusement, Mme Vidal.

Mais tout n’est pas noir pour Parcoursup et la loi Orientation et Réussite des Étudiants, bien au contraire. De nombreuses nouveautés cette année ont été les bienvenues, et étaient souhaitées depuis des années, à commencer par la suppression de la cotisation pour la sécurité sociale étudiante, de 217 €, une aberration quand on sait qu’elles servaient au financement de partis politiques et de syndicats étudiants il y a quelques années… Entre autres bonnes nouvelles, on peut citer la bourse à la mobilité, quoique réservée aux recalés, la possibilité de faire une année de césure après le bac, le paiement des bourses à échéance fixe (ENFIN!), une meilleure information des taux de réussite de chaque filière, l’affichage même des compétences à avoir pour réussir dans une filière, ou encore la création des CAES pour les bacheliers recalés.

Parcoursup va rester. Les mobilisations étudiantes ou lycéennes, si elles existent encore, n’y feront rien : APB ne reviendra pas, et c’est probablement tant mieux, car le tirage à sort tel qu’il était appliqué, même s’il ne concernait qu’une centaine de licences en 2017, est une manière horrible de sélectionner et de tuer des aspirations, des volontés, des espoirs.

Il y a toutefois de nombreux points à améliorer. En tant que lycéen, désormais étudiant, et pour avoir suivi le dossier toute cette année dans cette série, voici quelques recommandations personnelles :

  • Améliorer l’orientation des lycéens et mieux les accompagner dans la pratique. Il faut vraiment se donner les moyens de ses ambitions, et aider les élèves à se trouver des vocations, au lieu de les mettre dès novembre devant le fait accompli. Dans ma classe, certains élèves ont choisi en dernière minute leur vocation sur Parcoursup, même parmi les meilleurs de classe… La marche est certes enclenchée, et va devoir l’être, avec la réforme du bac 2021 qui va supprimer les filières (dont la S était devenue la filière par défaut) au profit de nombreuses combinaisons de majeures qui vont être cruciales pour Parcoursup. Mais pour l’heure, le même problème se pose avec les élèves de seconde…
  • Inscrire toutes les formations sur Parcoursup, et de manière plus simplifiée. La première proposition sera visiblement traitée en 2020, la seconde est plus compliquée à résoudre : comment afficher la myriade de formations dans un moteur de recherche chargé de permettre aux élèves d’inscrire leurs vœux ? Carte mentale, carte géographique, tout ceci sont des outils qui ne permettent pas le référencement précis des formations qui permettraient de manière visible de se donner des idées.
  • Finir la procédure d’admission beaucoup, beaucoup plus tôt. Cette première année était probablement un test, avec une échéance tardive pour éviter tout faux-pas, recalibrage en cours d’année, qui serait un aveu d’échec. Les prochaines années, les équipes techniques de Parcoursup devraient logiquement se servir des nombreuses données fournies cette année pour modifier les deadlines, les délais de réponses…
  • Afficher tous les quotas, toutes les informations. Aucun doute que l’an prochain, de nouveaux chiffres seront affichés, comme le nombre de candidats appelés l’an dernier. Cependant, des chiffres manquent, et les quotas devraient être rééquilibrés : 1 % maximum de non-Aquitains dans ma formation, c’est bien trop peu et inutile pour une licence de sciences dures…
  • Remettre la hiérarchisation des vœux. C’est là le principal point de conflit entre APB et Parcoursup. La non-hiérarchisation des vœux cette année a créé du stress inutile, une procédure incroyablement chronophage pour un résultat plus ou moins similaire, à six semaines près. Certes, comme le signalait un ingénieur opposant à cette hiérarchisation, mettre de l’ordre dans les vœux est un « algorithme bling-bling », avec un haut taux de réponses initiales, puis peu d’avancement ensuite. Mais avoir 48 % des bacheliers qui se réveillent (ou, cette année, sortent de cours) avec seul des “Non” le premier jour n’est pas formidable non plus… et le stress causé par la contrainte de vérification quotidienne est réel, d’autant plus que le délai de réponse tombe à 3 jours après le baccalauréat. Remettre de l’ordre dans les vœux, c’est avant tout s’éviter de perdre du temps. En hiérarchisant les vœux avant et non au fil des réponses, les étudiants sont “sûrs” d’avoir une bonne réponse dès les premiers jours, et ne prennent pas les places des autres pour rien. Et, en 2020 où il y aura toutes les formations sur Parcoursup, on pourrait même imaginer une phase unique sur Parcoursup, car sans démissionnaires… mais d’ici là, il faut retourner à une hiérarchisation des vœux, ce qui semble le sujet le plus chaud du moment.
  • Ne pas créer de fausse joie. L’affichage actuel des propositions d’admission sur Parcoursup fait croire en premier lieu que la personne est acceptée — elle ne voit qu’elle est en liste d’attente qu’en bout de ligne, après une phrase longue et compliquée… ce qui avait fait gueuler plusieurs élèves dans ma classe, le 22 mai.
  • Revoir la fiche Avenir™️ et les notes données par le prof principal. Cette année, le professeur principal devait noter les élèves sur quatre critères : méthodes de travail, autonomie, capacité à s’investir dans le travail, et engagement & esprit associatif. Mais comment un prof principal peut-il connaître les activités extrascolaires de ses sujets ? Cette année, pour déterminer la note de ce dernier critère, notre PP nous a simplement demandé de lister nos activités… sans vérifications. Aux élèves de se noter. Plus globalement, le fait de demander aux établissements de juger ses élèves, au-delà des notes, est problématique car il emmène une nouvelle part de subjectivité dans la sélection. Certains établissements refusent de noter ; d’autres, comme mon lycée, respectent cette obligation à la volée…Mais ce critère est pourtant utilisable et utilisé, parce-qu’il est convertible en « points », comme l’a fait la filière STAPS au niveau national. Contrairement au projet de formation motivé, qui est légitime (car il permet aux étudiants de réfléchir sur son vœu) mais n’est peu ou pas lu, ces indicateurs quaternaires ne servent qu’à donner plus d’outils numériques aux établissements, pour leur tri des milliers de dossiers. Les PP ont alors une partie de l’avenir de leurs élèves dans les mains… et peuvent en faire ce qu’ils veulent.
  • Une meilleure connexion entre Parcoursup et le CNOUS (!) Les CROUS, l’organisme chargé des bourses et logements étudiants, ne s’est vraiment pas adapté au changement de Parcoursup à APB cette année. Toujours quatre vœux de bourses maximum, contre dix (voire 28 avec les vœux multiples) pour Parcoursup, ce qui contraint les élèves à attendre leur affectation… alors que la date butoir était annoncée le 31 mai… Et la situation est pire pour le logement, où les vœux de chambre étudiante doivent être prononcés avant le 18 juin, alors que la moitié des bacheliers et étudiants étaient encore en attente de réponse. Les étudiants ayant eu une réponse en juillet ont dû se démerder par eux-même, à voir avec les CROUS si des places étaient disponibles (même s’il y a effectivement eu des places réservées)… Pour éviter cela, il faudrait vraiment que le CROUS revoit son calendrier selon Parcoursup, ou l’inverse. Que les demandes de bourses soient liées automatiquement à l’acceptation définitive d’une proposition sur Parcoursup, par exemple (on pourrait imaginer le DSE, dossier social étudiant, à préremplir lors de l’inscription…), ou que Parcoursup soit « accéléré » ou coupé plus tôt, pour éviter des cas de recherche de logement en dernière minute.
  • Uniformiser les quotas de boursiers instaurés par les recteurs, qui parfois créent de la discrimination sociale. Certes, il faut des quotas de boursiers pour éviter un embourgeoisement des formations les plus sélectives, mais certains quotas cette année, assez hauts (jusqu’à 20 %), ont contribué à une sorte de discrimination positive dans les formations sélectives. D’autant plus que ce quota n’est pas le même entre les formations, les établissements…
  • Mettre à jour les données de Parcoursup à heure fixe. Les mises à jour « au cours de la nuit » ont créé chez certaines personnes un stress incommensurable, et aggravé par le fait que les mises à jour de Parcoursup se faisaient durant la nuit, et non à heure fixe durant la journée. Mettre à jour les files d’attente à heure fixe permettrait de soulager ce stress durant la soirée ou au réveil.

Il y a bien d’autres améliorations à faire, comme sur l’épineuse question des internats, géré par Parcoursup selon un principe de double file qui empêchait toute visibilité sur la liste d’attente, ou la contribution étudiante de 90 €, créée avec la loi ORE, et qui est payée obligatoirement par les étudiants sans que ceux-ci ne comprennent à qui elle servira…

Toujours est-il que Parcoursup a fait son travail. Loin du « fiasco » auquel on pouvait s’attendre, la nouvelle plateforme d’admission post-bac, chargée de remplacer le site… éponyme, a su faire son travail. Après une année d’interrogations, de mise en place progressive et sans vision sur l’avenir proche, la quasi-majorité des étudiants est dans un établissement d’enseignement supérieur aujourd’hui. Néanmoins, Parcoursup n’a fait que le travail qu’on lui a demandé de faire. Ce n’est pas APB ou le nouveau site qui résoudra le problème de l’enseignement supérieur en France, de l’éducation pour tous et de la correspondance entre aspirations des élèves et formations disponibles. Pour cela, il faudrait un investissement sur du long terme, au-delà de ce qui a été fait cette année, avec des rustines nommées BTS passerelle ou surbooking.

Un jour, peut-être, viendra le temps où les élèves pourront aller là où ils devraient être. Où on échappera à ces 30 % de réussite à l’université. Où on ne lâchera pas des bacheliers professionnels à la dérive à la fac. Où on accompagnera les élèves dans leur orientation, au lieu de les laisser se perdre dans la forêt de formations disponibles. Un jour.

D’ici là, Parcoursup va continuer, et ne peut que s’améliorer. Après une première année, où l’on a découvert le comportement des lycéens au fil de l’eau, le logiciel a eu ses hauts et ses bas, et les données de cette session permettront probablement de corriger les problèmes rapportés cette année. Ils auraient probablement pu être évités. En prenant le temps de la réflexion, on aurait pu créer un meilleur outil de répartition des étudiants, qui n’aurait pas considéré les étudiants comme une quantité à répartir, mais comme des humains à placer. Mais il fallait tuer APB, ce pelé, ce galeux, d’où venait tout le mal. Quitte à ce que nous ayons été… la « génération test ».

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